Les zirritants © : ST part en lutte contre le sexisme, à pas mesurés…

Ça y est  ! ST prend le taureau par les cornes et se décide à lutter activement contre le sexisme !

Déjà de quoi parle-t-on ?

Le sexisme désigne une attitude discriminatoire fondée sur le sexe et par extension le genre.
Regardons les choses en face : s’il est possible qu’une fois à ST un homme ait été victime de discrimination à cause de son genre, l’immense majorité des personnes concernées ne sont pas des hommes (cisgenres). Donc appelons un chat, un chat et parlons de misogynie (désignant un sentiment de mépris ou d’hostilité à l’égard des femmes motivé par leur genre) ou d’homophobie/transphobie.
Outre l’utilisation à outrance du terme collaborateur/collaboratrices, la communication de la direction insiste sur le respect mutuel, le bien vivre ensemble… alors que le problème n’est pas juste une histoire de bienveillance ou de gentillesse mais de système social patriarcal ancré au plus profond de nous depuis des millénaires. Tellement ancré que la structure même de ST et son fonctionnement sont patriarcaux.
Un fois de plus, la direction se lave les mains d’un sujet de fond qui traverse toute la société en faisant porter la responsabilité du changement sur les épaules des salariés.

Misogynie, patriarcat… un peu d’histoire

Les histoirien.nes ne sont qu’au début du débat sur le début du patriarcat… S’ils ne savent pas quand en situer le début, il est clair qu’il était déjà bien installé dans l’Antiquité notamment Grecque et Romaine. Si l’étau se desserre un peu au début du moyen-âge (les premières sociétés chrétiennes étaient moins inégalitaires que la société latine car elle reconnaissait notamment l’autonomie des femmes religieuses : certaines ont eu des rôles spirituels et politiques égaux aux hommes comme Hildegarde von Bingen), la remise au goût du jour du droit romain à la fin du moyen-âge va donner lieu au retour d’un patriarcat rigide et absolu. Le code civil napoléonien balaie les maigres espoirs apportés par la Révolution et il faudra des dizaines d’années pour le nettoyer de sa misogynie :

  • 1907 : les femmes peuvent exercer une profession séparée de leur mari (mais avec son autorisation)
  • 1924 : les programmes scolaires du secondaire sont identiques pour les filles et les garçons
  • 1938 : abrogation de l’incapacité civile des femmes
  • 1944 : droit de vote ET d’éligibilité
  • 1946 : le préambule de la Constitution pose le principe de l’égalité en droit entre les hommes et les femmes.
  • 1965 : les femmes mariées ne sont plus mineures
  • 1966 : les femmes peuvent travailler et ouvrir un compte bancaire sans l’accord de leur mari.
  • 1972 : le principe “à travail égal, salaire égal” entre dans la loi. L’Ecole polytechnique s’ouvre aux filles et le major est une femme.

pour plus de dates : L’émancipation des femmes : repères chronologiques

Ce bref résumé permet de mieux mesurer ce qui a été fait au XXième mais aussi le fait que si le patriarcat commence a desserré son étau, il est non seulement encore très profondément enraciné au fond de chacun de nous mais aussi dans les structures profondes de l’organisation sociale et notamment dans le fonctionnement même des entreprises. Nous sommes tous biberonnés au patriarcat et nous avons tous intégré ses codes.

Que faudrait-il faire ?

Si nous saluons cette première initiative de la direction, nous espérons qu’elle n’est que le tout début d’un travail profond et volontaire de remise en question de son fonctionnement. Et il y a de nombreuses pistes :

  • rompre la chaîne hiérarchique verticale et autoritaire,
  • avoir une politique de féminisation massive des organigrammes de l’entreprise, soit par quota*, soit en nommant des binôme femme-homme aux postes de responsabilité,
  • avoir une politique d’embauche volontariste,
  • mettre en place des structures d’écoutes en toute sécurité et en garantissant des sanctions pour tout comportement misogyne ou homophobe,
  • évaluer de façon systématique les retards de carrière et de salaires des salariées de ST.

*quota : ce mot provoque toujours le débat. Mais vous n’y pensez pas ma brave dame, si on met des quotas, les femmes qui seront promues risquent d’être délégitimées… Et ce n’est pas juste s’il y a des hommes plus compétents… blablabla.

Mais cela fait DES SIÈCLES qu’il y a des quotas, au profit des hommes !!!! Pendant des siècles, personne ne s’est offusquée du fait que des très nombreux postes, métiers… n’étaient réservés qu’aux hommes. Pour rappel, des femmes accusées de sorcellerie se sont retrouvées sur le bûcher pour avoir eu l’outrecuidance de soigner leurs semblables à la place de médecins, les études de médecines étant interdites aux femmes.
Et là, pour établir l’égalité et corriger DES SIÈCLES de quota officieux, on ne pourrait pas les utiliser le temps de rendre l’égalité effective ? Parce que pendant des siècles, tous les hommes promus à la place des femmes étaient tous hyper compétents ????
Une solution radicale serait de ne promouvoir que des femmes à tous les postes où il n’y a pas parité pour arriver à la parité le plus vite possible…

Pour aller plus loin :

  • L’homme préhistorique est aussi une femme – Une histoire de l’invisibilité des femmes de Marylène Patou-Mathis
  • Histoire de la misogynie de  Adeline Gargam et Bertrand Lançon
  • La femme au temps des cathédrales de Régine Pernoud
  • Sorcières de Mona Chollet

et un peu d’humour : Une femme à la tête d’une entreprise du CAC 40 !

 

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