« Excellent », c’est mieux que bien ? Vraiment ?

Parmi les mots qu’il est difficile d’éviter, il y a l’excellence ! Vidéos du top management, affiches, communiqués nous vantent l’excellence et en font un objectif incontournable.

Au fond, jusqu’à présent, il s’agissait ni plus ni moins que de nous faire travailler plus pour accroître les profits. Mais là c’est différent. Il nous est demandé de mettre du cœur à l’ouvrage, d’être volontaires, d’y mettre du sien. Pour cela, il est fait usage d’un vocabulaire flatteur : il s’agit de relever les défis, des challenges, de nous dépasser. Difficile de résister à tant d’enthousiasme !

Comme il n’est pas possible d’être excellent en permanence, cette injonction à l’excellence fait de nous tous des temporaires potentiels, ce qui nourrit un climat de mal-être, favorisant l’épuisement et l’anxiété. Sans parler des mésaventures qui n’ont rien d’exceptionnel, comme par exemple lorsqu’un produit est arrêté alors que cela fait des mois qu’on se dépense à fond pour le mettre au point, ou qu’un service est externalisé alors que les collègues se sont investis pour obtenir que les prestations réalisées en interne soient de très bon niveau.

Il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil : l’excellence date des années 80, et si « Le prix de l’excellence » de Peters et Waterman a été la bible des managers dans les années 90, on a aussi depuis mesuré le coût de l’excellence. Plus  de  la  moitié  des  entreprises  citées en exemple dans l’ouvrage ont disparu ou ont eu de sérieuses difficultés. Mais il en faut visiblement plus pour empêcher le concept d’excellence de continuer à prospérer 30 ans après !  Il est largement temps de  s’interroger sérieusement sur le coût de cette idéologie de la performance à tout crin qui, en devenant un discours managérial obligé,  génère  des  dysfonctionnements organisationnels  graves.

Au fond, il devient nécessaire de rompre avec le culte de la performance individuelle et de l’excellence, qui sont destructrices, pour valoriser les pratiques durables autour du collectif de travail, la notion d’équipe, le partage d’informations et de savoir-faire.

Faire bien son travail suffira amplement. Vraiment !

Voir L@ Puce à l’Oreille n°57

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