Lorsque le PDG de ST explique que tous les salariés de ST doivent revenir des Bahamas et sortir de leur transat pour revenir dans leurs bureaux, il choque pour 2 raisons :
- La grande majorité des salariés n’ont pas les moyens d’aller aux Bahamas : il montre donc de façon criante les inégalités de revenus dans cette entreprise. Qui d’autres à part la caste des hauts cadres pourrait imaginer partir s’installer aux Bahamas pour faire du télétravail ou planquer son magot dans un paradis fiscal ?
- Il met en doute l’engagement des salariés pendant cette période, salariés suspectés d’utiliser le télétravail pour mettre les doigts de pieds en éventail, alors que la très grande majorité d’entre eux a fait le maximum pour que l’activité continue.
Là où les salariés attendaient une forme de reconnaissance (remerciement pour les efforts, augmentation de salaire, primes ou amélioration de l’accord télétravail…) la direction répond par la suspicion et le mépris. Mais cette réponse est tout à fait compréhensible quand on la replace dans le cadre de la relation de travail.
À force de tordre le vocabulaire et la communication, les salariés devenus collaborateurs et acteurs impliqués à titre individuel sur tout un tas de sujets (la sécurité, la protection, le chiffre d’affaire, la réussite de tel projet, le respect des pelouses…) ont commencé à croire qu’une relation de confiance et d’égalité pourrait s’instaurer entre leur employeur et eux. Et quand le PDG réaffirme son rôle de direction de façon brutale, c’est la douche froide pour nombre d’entre nous.
La « petite phrase » du PDG est une réaffirmation de la subordination des salariés à l’entreprise, à contre-courant du discours anesthésiant des nombreuses communications faites sur les sites de ST.
Comment imaginer une relation de « confiance » dans la cadre d’une relation de subordination. Le droit de contrôle et de discipline ne marche que dans un sens. On peut avoir confiance dans une relation d’égalité, entre amis ou membres d’une même famille, mais pas dans une relation asymétrique !
L’argument de la « confiance » ne peut en aucun cas justifier le développement du télétravail. Le télétravail ne pourra se perpétuer que sur la base d’un accord protecteur pour les salariés, définissant les rôles, droits et devoirs de chacun.