Notre avis sur le projet d’accord sur le télétravail à ST Grenoble :
(Projet Accord Travail a distance Grenoble 27 fev 2014)
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Le mérite principal de cet accord est de permettre des accords de télétravail en nombre significatif. Sans cet accord, le télétravail resterait cantonné à un nombre marginal. 500 personnes sur le site au moins attendent cet accord. A ST Montrouge 23% des salariés ont demandé à télétravailler.
Il comporte néanmoins les principales limites suivantes :
Il s’agit d’une expérience limitée sur deux ans ; le principal avantage pour la Direction étant de pouvoir l’arrêter.
La Direction paie à minima les frais, y compris ceux liés à la santé au travail.
Par exemple, la direction refuse obstinément de prendre en charge le poste de travail, à savoir l’extension de l’écran du PC portable à un 2ème écran. La direction accepte de fournir à hauteur des stocks disponibles les écrans 19 pouces en rebus aux premiers demandeurs. Au-delà de ce stock le salarié devra se contenter de l’écran de son PC. Cependant dans nos métiers, nombreuses sont les tâches qui nécessitent ce 2ème écran. Au-delà de cet exemple, la Direction n’est probablement pas dans son droit de limiter sa participation aux frais.
Le nombre maximal de jours de télétravail est limité à un par semaine au lieu de deux souhaités. Le report, au-delà de la même semaine lorsque le jour n’a pu être pris, a été refusé.
La Direction a refusé de prendre en compte le télétravail avant la journée de travail ou après et encore moins le weekend end. Le nomadisme n’est pas pris en compte.
L’accord de télétravail s’arrête automatiquement de façon excessive : En cas de changement de poste, de lieu de travail ou d’organisation, en cas de manifestation de risques psychosociaux. Le manager peut mettre fin au contrat sans justification et sans tenir compte des convenances personnelles, ce qui parait au-delà de la légalité.
Le manager a un pouvoir excessif d’accorder ou d’arrêter le télétravail d’un subordonné. Il a été obtenu un recours possible vers la DRH en cas de refus du manager. Nous n’avons pas pu obtenir une prise en considération de ces convenances personnelles lorsque le manager veut arrêter le télétravail, par exemple sous forme d’un délai plus long que le mois. Donner trop de pouvoir au manager ne facilite pas son rôle.
L’ensemble de l’accord marque une défiance très grande vis-à-vis des salariés ; le texte et la charte que devra signer la personne en télétravail sont antipathiques.
L’essentiel du texte repose sur la méfiance vis-à-vis du salarié en TT, malgré la pétition de principe de la confiance réciproque entre le salarié et son management. Si la direction avait une occasion de reconquérir un peu de la confiance perdue des salariés, une fois encore elle vient de manquer une occasion.
Sur le cadre général, il n’a pas été possible de traiter du télétravail « sauvage ».
La CGT a affirmé que c’était un débat important : il faudrait déjà savoir la réalité du travail sauvage (qui fait que les salariés font en moyenne 44h) et ensuite négocier un accord sur le temps de travail (donc la rediscussion des accords ST France) ; cela dépasse largement la question d’un jour de télétravail par semaine. La CGT souhaite en discuter depuis des années. La Direction n’y est pas prête.
Des entreprises commencent à prendre des mesures pour interdire les connexions des ordinateurs portables et des téléphones portables en dehors des plages horaires normales. ST sera obligé d’en discuter un jour. C’est la santé des salariés, où la loi impose une obligation de résultats, qui oblige des entreprises à tenter d’empêcher le pire.
Nous agirons pour que la Direction mette en place un plan de prévention des risques liés au travail à domicile: l’isolement social et professionnel, la difficulté de scinder vie personnelle et vie professionnelle (ces deux premiers risques sont faibles puisqu’il y a un jour maximum de télétravail par semaine), le risque du travailleur isolé en cas d’accident, l’équipement ergonomique (qu’elle refuse de payer à ce jour).
ST est en retard par rapport à l’évolution générale du télétravail dans les pays de niveau de vie élevé. La DRH a expliqué les réticences des plus hauts responsables : ceux-ci ont une défiance forte vis à vis du management et des salariés sur la question du télétravail. Et pourtant ce haut management pratique le télétravail ; et pourtant le nombre de téléconférences, partage d’écrans, le travail multi sites, etc. sur notre site est en montée constante.
Sur certains points, la loi et l’accord interprofessionnel sont plus favorables.
Au total, il nous semble important de prendre en compte les désirs des salariés de télétravailler malgré la défiance exprimée par la Direction ; on pourra obtenir des améliorations en démarrant l’accord mais aucune en le bloquant par une non signature. Une commission de suivi sera mise en place et la CGT accompagnera les demandes légitimes pour faire évoluer les pratiques.