Les zirritants © : Le salaire de la peur

La direction est très fière de vous annoncer qu’elle a conclu un accord avec la CFE-CGC et la CFDT pour mettre en place une prime pour les personnes obligées de venir au travail pendant la période de confinement.

Mais alors, pourquoi la CGT n’est pas signataire ?

Il est un fait même reconnu par la direction : les salaires que ST octroie à ses salariés sont inférieurs à ceux versés par les entreprises équivalentes dans la région. Lorsqu’on enlève les primes, il est possible de se retrouver à des salaires très faibles voir inférieurs aux minima sociaux.

Dans cette période spéciale, l’objectif de ST est de continuer coûte que coûte à produire, même avec 50 % des effectifs. Et pour atteindre ces 50 %, il faut convaincre les salariés de venir risquer leur santé et celle de leur entourage. C’est là que ST dégaine une petite primette (12,5 euros par jour travaillé sous conditions), coût de la prise de risque de ces salariés contraints de venir travailler pour maintenir l’activité économique au risque d’être eux-mêmes vecteurs de transmission au sein de leur famille.

Cette primette a des relents de déjà vu… Elle ressemble furieusement à la prime Macron, lâchée au début du mouvement des gilets jaunes : limitée, bornée dans le temps, conditionnelle et défiscalisée. Bref un pis-aller pour cacher la misère habituelle.

Si cette primette peut être la bienvenue à un moment donné pour mettre du beurre dans les épinards d’une partie des salarié(e)s, quelles en seront les conséquences :

  • elle arrive en même temps qu’un intéressement tellement minable qu’il va comme d’habitude être complété par un supplément, malgré les très bons résultats 2019 de ST,
  • elle permet de monter les salariés les uns contre les autres,
  • elle précède de quelques semaines l’ouverture des NAO et servira sûrement à faire justifier des augmentations de salaires riquiqui voire nulle,
  • elle servira à alimenter également l’entretien annuel avec les managers au détriment de la santé de ses salariés
  • plus généralement, en prenant l’habitude de lâcher une primette défiscalisée de temps en temps, quand ça chauffe un peu trop, l’état permet aux entreprises de continuer la compression des salaires et par conséquent l’ensemble des cotisations qui permettent à tout le monde de vivre au mieux quelle que soit sa situation (maladie, chômage, retraite) et justifiera ainsi les réformes radicales sur le chômage, les retraites…

Bref, tout le monde sera perdant, sauf la direction qui, elle, n’aura pas que des “primettes”…

Imprimer .PDF

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.