Salaire immédiat, salaire socialisé…

Qu’elle est compliquée, cette fiche de paie. Tellement, qu’on se contente de lire la dernière ligne : le montant qui arrivera sur notre compte bancaire pour faire bouillir la marmite. Mais les autres lignes, à quoi servent-elles ?

Ce ne sont pas des « charges » comme nous le rabâchent tous les jours les tenants du chacun pour soi, mais du salaire socialisé ou mutualisé, ce « salaire » que l’on touche ensuite à différentes étapes de sa vie :

  • Lors de périodes de chômage,
  • Lors de période de maladie (sécurité sociale),
  • Pour aider les familles (allocations familiales),
  • A la retraite (pension de retraite)…

Or, cette partie de salaire que l’on ne perçoit pas tout de suite (aux sens propre et figuré !) est le fruit de luttes féroces des travailleurs tout au long des XIXième et XXième siècles pour sortir de la misère et garantir une vie digne, où la maladie, la vieillesse ou l’arrivée d’enfants ne sont pas des catastrophes entrainant encore plus de misère.

Si les cotisations salariales sont prélevées sur le salaire brut du contrat de travail, les cotisations patronales viennent en plus et n’ont pas été un « cadeau » du patronat, mais bien le résultat de luttes parfois violentes

Ce sont des sommes énormes (le salaire total réel est à peu près le double du salaire net…) qui pendant longtemps ont échappé à la gestion capitaliste car confiées aux syndicats.

En France, ce sont près de 500 milliards d’euros* qui échappent tous les ans à une gestion privée et financière. Vu sous cet angle, cela explique beaucoup mieux la rage des gouvernements libéraux pour mettre en pièces le système social français et permettre à des sociétés privées ou des fonds de pension de mettre la main sur un tel pactole.

Ce système est le résultat d’une victoire des travailleurs sur leurs employeurs : ils ont arraché la gestion de ces budgets (et donc une forme d’émancipation) : des caisses de bienfaisance existaient déjà mais elles dépendaient du bon vouloir de l’employeur qui gérait le tout de façon paternaliste et décidait seul des prélèvements et des conditions d’utilisation.

Alors quand la direction de ST parle de rémunération globale, d’intégration dans la rémunération d’éléments comme la prévoyance, le comité d’entreprise… Elle tente juste de reprendre la main sur des budgets qui ont échappé au monde de l’entreprise depuis plus de 70 ans !

*cela permet aussi de relativiser le « trou » de la sécu : 1% de son budget…

Voir L@ Puce à l’Oreille n°57

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